Lettre ouverte à la SG du MEFR
Lettre ouverte à Madame la Secrétaire générale
Ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance
Madame la Secrétaire générale,
La gestion du corps des Ingénieurs de l’Industrie et des Mines est transférée ce jour de la Direction Générale des Entreprises vers votre Secrétariat Général. A l’origine géré par un ministère de l’industrie de plein exercice, notre corps technique a, depuis la création du grand Bercy, toujours été géré par la direction générale en charge de l’industrie. C’est donc une page historique qui se tourne pour le corps des IIM et ses 1900 agents.
Nous voulons voir en ce changement une réelle opportunité d’accélérer les chantiers engagés jusqu’alors pour notre gestion au service des politiques publiques portées par le MEFR. C’est d’ailleurs la ligne de conduite consensuelle affichée par Madame Orange-Lauboutin auprès du SNIIM. Le cap et l’orientation donnés à la gestion de notre corps doivent désormais se traduire de manière visible dans toutes les décisions prises par vos services, des plus stratégiques aux plus opérationnelles.
Une vocation interministérielle garante de compétences pour l’Etat
Partant du constat partagé de l’intérêt d’encourager la mobilité et l’affectation interministérielle des IIM, nous vous demandons un appui fort pour faciliter les passerelles entre employeurs au sein de l’État, sans freins liés à la position administrative ou à la rémunération. Il en va du développement de la compétence collective du corps et des compétences individuelles de chacun des agents qui le composent.
N’oublions pas que c’est grâce à ces compétences que le corps des IIM est historiquement la référence dans les domaines relatifs à l'industrie, l’innovation et à l'économie, à l'énergie, à la protection de l'environnement, à la sécurité industrielle et à la métrologie, et qu’il peut prétendre le devenir sur des thématiques émergentes telles que les technologies nouvelles dont le numérique, la sécurité économique ou encore la régulation économique.
La mise en œuvre des lignes directrices de gestion « promotion », liant changement de grade, parcours ambitieux et mobilité, doit être l’occasion de traduire cette trajectoire dans les faits. Ainsi, l’instance collégiale doit être garante de l’équité inter-employeurs et de la proposition des meilleures compétences à l’échelle du corps.
La nomination, la promotion et l’affectation des IIM hors classe ou détachés sur un emploi de chef de mission sont tout autant stratégiques pour déployer la culture des IIM à grande échelle et faire tendre le corps vers un déplafonnement.
Des recrutements et une formation à la hauteur des besoins de l’Etat
L’inflexion donnée au positionnement du corps depuis 2018 s’est appuyée sur la mobilité des IIM et sur le recrutement puis l’affectation des primo-entrants. Les recrutements équilibrés entre employeurs historiques et ceux qui manifestent le besoin de profiter de nos compétences doivent se poursuivre, à la hauteur de leurs besoins actuels et futurs et de manière à consolider le corps et renforcer son effectif.
L’étude menée en février 2019 par le Conseil général de l’économie, de l’industrie, de l’énergie et des technologies (CGE) sur le positionnement du corps doit constituer le fil conducteur sur ces sujets, y compris en termes de formation à l’effet de se familiariser avec des enjeux nouveaux (transition numérique) ou de maintenir la culture collective des IIM.
Un chef de corps délégué indispensable au développement du corps
Pour déployer cette stratégie avec agilité, nous réaffirmons la pertinence d’un chef de corps délégué dont la vocation essentielle est d’anticiper les évolutions de nos métiers techniques et de nos compétences collectives, de conserver la cohérence d’ensemble des corps techniques « industrie » de Bercy, de faciliter des parcours de carrière dynamiques sur l’ensemble des missions et du territoire au bénéfice de l’État et d’assurer le rayonnement du corps.
Ce chef de corps délégué doit pouvoir déployer ces actions durablement en collaboration avec votre Secrétariat Général et ses ressources et contribuer au pilotage à long terme du corps.
Un statut déplafonné cohérent avec notre formation, notre niveau de recrutement, nos compétences et notre positionnement
Le rayonnement du corps implique une présence accrue sur des postes à enjeux, à haut niveau de responsabilités ou de direction. Pour permettre l’accès à ces postes stratégiques et donner des perspectives d’évolution aux nombreux profils engagés et encore jeunes présents au sein du corps, plusieurs chantiers doivent être menés : la promotion au grade d’ingénieur hors classe et le recours aux emplois fonctionnels de chef de mission y compris relevant d’un échelon spécial doivent faire l’objet d’une stratégie ; le nombre de postes de chef de mission doit être consolidé et leur usage optimisé en intégrant l’effet d’attractivité pour piloter le positionnement du corps ; le positionnement du grade hors classe doit être repensé pour ouvrir la voie vers les fonctions supérieures, faciliter des passerelles vers le « service extraordinaire » et l’accès aux emplois DATE et aux formations du futur Institut de Service Public (ISP) ; la voie d’accès au corps supérieur doit être élargie.
Ces perspectives sont essentielles pour le corps et pour l’Etat. Elles ne peuvent se heurter à un frein aussi trivial que l’absence d’un échelon terminal HEB. Cet échelon pour notre corps serait d’ailleurs synonyme d’accès rapide à l’encadrement supérieur et reconnaitrait les capacités du corps à occuper de telles fonctions.
Un accompagnement individualisé à la hauteur de la stratégie de gestion du corps
La conduite de ces changements doit pouvoir s’appuyer sur un accompagnement individualisé des IIM dans leurs parcours professionnels. Les ressources allouées à cet accompagnement, constituées historiquement d’un agent et récemment intégrées au bureau de pilotage de la gestion des corps techniques, doivent être revues à la hausse et s’appuyer sur des IIM en plus grand nombre.
Une gestion opérationnelle au service de la stratégie et du rayonnement
Du fait du rapprochement entre pilotage et gestion des ressources humaines, nous croyons en une gestion à forte valeur ajoutée par votre Secrétariat général. Pour en témoigner, la résorption rapide des problèmes de gestion opérationnelle et administrative (mobilité, promotion ou rémunération) demeurant pour une centaine d’IIM, malgré nos demandes répétées auprès de la Direction générale des entreprises, pour laisser place rapidement à une gestion administrative ambitieuse au service de la stratégie et du rayonnement de notre corps serait un signal fort.
Vous l’aurez compris, Madame la Secrétaire générale, nous ne saurions entendre que le transfert de gestion du corps des IIM soit sans constance dans les orientations prises, sans poursuite des actions entreprises jusqu’alors, sans accélération de la stratégie de rayonnement du Corps et, in fine, sans bénéfice pour le corps et les IIM le constituant. Pour cela nous comptons enfin et surtout sur un dialogue social privilégié, régulier et de qualité, comme nous l’avions avec le Directeur général des entreprises.
Dans l’attente d’évoquer plus amplement ces sujets à l’occasion d’un échange bilatéral, je vous prie de recevoir, Madame la Secrétaire générale, mes salutations respectueuses.
Le Secrétaire Général du SNIIM
Franck VIGNOT